mercredi 21 juin 2023

DM 059 Surexcitation ou érosion de l’identité

 Daniel Ménard (DM) : En première partie, nous aurons comme sujet : “Surexcitation et érosion de l’identité”. Nous avons évidemment Bernard de Montréal, ce soir, qui nous entretient sur ces sujets, et nous recevons donc Bernard de Montréal. (Applaudissements). Bonsoir Bernard.

 

 

Bernard de Montréal : Bonsoir, ça va ?

 

 

DM : Très bien, je suis surexcité (rires du public).

 

 

BdM : Vous êtes surexcité ?

 

 

DM : Ouais (rires). Le sujet de la soirée c’est : “Surexcitation et/ou érosion de l’identité”. On est dans une époque, surtout de ce temps-ci où les gens semblent facilement prendre un prétexte, ou se donner le réflexe de faire leur propre loi. Cette espèce de débordement, de perte de contenance que les gens peuvent être sujets à vivre dans ces époques-ci, est-ce qu’il y a des raisons particulières, du point de vue du niveau de conscience ou du niveau d’approbation que l’individu se donne, à une forme de morale quelconque, qui les poussent à perdre le contrôle comme ça de leur vie ? 

 

Est-ce que c’est un effet de surexcitation collective, est-ce que c’est une perte quelconque de niveau de conscience, à cause de la collectivité, qui amène les individus à des états de déséquilibre tels ?

 

 

BdM : La surexcitation, c’est la conséquence d’un manque de centricité, c’est un état d‘esprit qui mine l’identité de l’individu. C’est un indice de perte de contrôle de son énergie. C’est dangereux la surexcitation parce que l’Homme, naturellement, a de la difficulté à contrôler son être, à contrôler son énergie, et lorsqu’il est mis en situation, surtout dans des cas où vous avez en action des égrégores collectifs très puissants, comme ce qui se passe aux États-Unis présentement, l’individu a tendance à se mouler à la conscience de la masse. Et lorsqu’il fait ceci il perd de son identité.

 

C’est difficile pour des êtres qui sont inconscients, qui ont des valeurs, puis qui ont des sentiments avancés, qui se préoccupent de ce qui se passe dans leur pays ou de ce qui se passe dans le monde, de ne pas s’impliquer individuellement, parce que cette indication individuelle… Quand je dis individuelle, je ne parle pas “individuelle conscient”, je parle “individuelle”, cette indication individuelle pour eux est une façon d’affirmer leur identité. Mais dans le cas réel du développement de l’être, c’est le mouvement contraire qui se produit.

 

Dans la mesure où l’Homme s’associe psychiquement à des égrégores de masse, il perd de l’identité, et naturellement tout son système nerveux, son système psychique, son état mental, son état émotionnel, est asservi à cette condition-là, et ça empêche l’Homme de prendre une prise de conscience objective par rapport à ce qui se passe au niveau de la masse. Et quand je dis objective, quand je parle de conscience objective, je parle de conscience fondée, non pas sur la raison sociale ou non pas sur les excuses sociales, ou sur les déformations sociales. La conscience objective, elle est toujours fondée sur le rapport étroit entre l’instruction personnelle qu’un individu reçoit de sa propre source, et qui lui permet de comprendre ce qui se passe au niveau social. 

 

Je vous donne un exemple. Par exemple, si on regarde le mouvement nazi en Allemagne ou si on regarde le mouvement socialiste en Russie, ce qui se passe au Moyen Orient, le cas des Indiens au Québec, ainsi de suite, tout ce qui fait partie de l’expérience de la race, ne fait pas partie de l’expérience de l’individu en tant qu’être conscient. Et c’est difficile probablement pour l’être, aujourd’hui, de comprendre ceci, mais avec l’évolution de la conscience, avec l’évolution de l’intelligence objective du mental supérieur, l’Homme va facilement comprendre que l’Humanité a des choses à vivre, que ça fait partie de la chronologie des évènements, ça fait partie de la programmation de l’Humanité, ça fait partie de l’expérience de l’âme. 

 

Alors que l’individu dans une conscience intégrale, ne vit pas sur le plan de l’expérience de l’âme, il vit sur le plan créatif de son Esprit. Et ces deux plans-là sont totalement différents. Ils sont différents à un point tel où on pourrait dire qu’ils sont réellement opposés, dans ce sens que l’évolution de l’âme, ça fait partie du karma de l’individu, à l’intérieur d’une conscience sociale ou à l’intérieur d’une masse sociale, alors que l’évolution de l’Esprit fait partie de l’expérience de l’individu en tant qu’ego, en tant qu’âme en relation avec sa source.

 

Donc ce sont deux plans différents, et ce sont ces plans différents là qui font en sorte que dans un cas, nous avons une involution, et dans un autre cas l’évolution. Si, par exemple, un Juif ou un individu d’origine judaïque, par exemple, durant la deuxième guerre mondiale, avait pris conscience du mouvement nazi, avait pris conscience de ses défaillances, il se serait retenu de vivre l’expérience en s’exilant aux États-Unis, comme certains ont fait, ainsi de suite. Il aurait été obligé en tant qu’individu de supporter probablement les reproches de la race, de ses frères, et c’est ça qui a empêché beaucoup de Juifs de s’exiler quand c’était le temps. Donc ils ont fini dans un four crématoire. Cette position de l’individualisation intégrale sera toujours remise en question par la conscience collective. 

 

Autrement dit quand on parle d’une conscience collective, quand on parle d’une conscience de masse, quand on parle de mémoire raciale, la perception de la conscience objective de l’Homme nouveau, ne pourra jamais être absorbée par la contention de l’Homme involutif faisant partie de l’expérience raciale, et vivant sa conscience sur le plan de l’expérience de l’âme. Ce sont réellement deux temps, ce sont deux époques, ce sera deux époques, et une sera aussi démarquée de l’autre, qu’on peut se l’imaginer aujourd’hui.

 

 

DM : Est-ce que vous iriez jusqu’à affirmer que l’individu qui a des relents de dynamisme ou d’action collective, ou qui a un esprit collectif, est inévitablement lié à une forme de karma, et automatiquement à une involution, et que l’autre individu qui a une démarche vraiment très individualiste a automatiquement une approche plus consciente, et plus…

 

 

BdM : Ça dépend ce que vous appelez individualiste. On est presque obligé de créer un nouveau terme quand on parle d’individualisation, parce que le terme d’individualisation ou d’individualisme, ou d’individualité, que nous offre, par exemple, le Larousse ou la littérature moderne, n’est pas efficace pour réellement démarquer la valeur intégrale de l’individualisation de l’être. Quand on parle d’individualisation de l’être, de l’Homme nouveau, on parle du caractère unique de sa conscience.

 

Donc un individu.. Quand je parle de l’individu je parle de l’individu qui est unique dans sa conscience. Unique dans sa conscience veut dire qu’il vit l’unicité de sa conscience, c’est-à-dire le rapport étroit entre sa conscience mentale et les plans supérieurs. Ça, ça fait de lui un individu dans le sens réel du terme. Ça lui donne accès à une conscience objective pour regarder, évaluer ce qui se passe, d’une façon objective dans le monde, mais sans être impliqué lui, au niveau d’une excitation psychologique personnelle.

 

Autrement dit, l’Homme conscient ne peut pas aller chercher dans l’expérience mondiale, dans l’expérience de la masse ou dans l’expérience de la mémoire de la race, un quelconque support pour le développement de sa conscience intégrale. Il peut le faire pour aller chercher un développement de sa conscience psychologique, d’accord. Mais ça ne peut pas lui servir à développer des mécanismes internes qui lui donneraient accès à une psychologie individualisée, qui pourrait lui faire comprendre ce qui se passe dans le monde.

 

L’Homme peut facilement comprendre occultement le mouvement nazi, le mouvement islamique, ce qui se passe même à Los Angeles. Mais comprendre une chose objectivement à partir du plan mental, ce n’est pas la comprendre en fonction d’un état émotif qui surexcite l’être, et qui le met en vibration parallèle avec ce qui se passe dans le monde. C’est pour ça que quand on regarde des situations difficiles, par exemple, comme en Ethiopie où il y a de la famine, ainsi de suite, dans les pays d’Afrique, on a tendance, à cause de notre émotivité, à cause de notre spiritualité, de notre religiosité, de nos mœurs positifs, on a tendance à décrier ces situations, et on le décrie.

 

Mais ça, ça fait partie de l’expérience psychologique de l’ego, faisant partie de l’involution avancée, mais positive de la race. Alors que dans le cas de la conscience mentale supérieure ou une conscience mentale supérieure qui regarderait ce qui se passe dans le monde, à telle échelle ou à tel niveau, cette conscience serait obligée de se désengager complètement de la moindre surexcitation qui aurait tendance à créer un lien ou une sorte de fusion avec le phénomène social.

 

 

DM : Donc quand vous parlez individualisation, vous ne parlez pas indépendance dans le comportement, là vous parlez…

 

 

BdM : Je ne parle pas d’attitude. Je ne parle pas d’attitude non, non. Individualisation, oui… Je ne parle pas d’attitude. L’attitude d’ailleurs, que ce soit une attitude positive ou négative, une attitude va toujours verrouiller la conscience. Alors qu’une conscience mentale objective va permettre de regarder le phénomène. On prend, par exemple, ce soir, le phénomène de Los Angeles et on peut l’étudier d’une façon objective, sans être soi-même psychiquement, psychologiquement, émotivement, mentalement, impliqué dans la relativité de la valeur. 

 

On prend le type Rodney King ou on prend le corps policier, on prend les valeurs américaines, on peut faire une étude intéressante sur le plan objectif de ce qui se passe. Et même à l’intérieur d’une conscience mentale, on peut avoir une voyance. Par exemple, on peut voir que dans quelques années, probablement il y aura aux États-Unis une révolution sociale apportée par les grandes masses noires, en ascendance de nombre, en ascendance numérique, et ça, ça fera partie de l’évolution sociale karmique du peuple américain. Ça fera partie de l’évolution individuelle, sociale, karmique des individus, ainsi de suite.

 

Donc quand on regarde la phénoménologie de l’Homme sur le plan social humain, et qu’on avance en conscience individualisée, on ne peut pas s’impliquer, on ne peut pas, autrement dit se surexciter, parce que se surexciter veut dire perdre l’avantage d’une conscience mentale intégrale, sur une perception sociopsychologique relative. 

 

Et un Homme conscient ne peut pas faire ça, non pas qu’il ne peut pas le faire dans le sens qu’il ne veut pas le faire, ce n’est pas une attitude. Sa conscience l’empêche de faire ceci, parce qu’il a un taux vibratoire qui a tendance à mettre en opposition des aspects qui sont facilement intégrables, par exemple, le cas de R. King qui, une fois qu’il a été signalé, a fait une course dans la ville, le cas de R. King, par exemple, qui s’est lancé sur un policier, donc. Puis ensuite, vous avez le cas des policiers qui ont peut-être agi d’une façon très forte sur l’individu. Dans les deux cas, vous avez la polarisation.

 

Puis lorsque l’être humain est excité, il ne peut pas garder ou regarder quelque chose d’une façon objective, surtout s’il est noir ou surtout s’il est blanc. Il n’est pas capable parce que ses émotions entravent sa conscience mentale, donc il ne peut pas exprimer son individualité. Si King avait été individualisé dans sa conscience, premièrement, ayant une conscience mentale intégrale, il ne se serait pas sauvé, il n’aurait pas fait la course à la police, ou il ne se serait pas lancé sur un policier, parce que sa conscience mentale intégrale ne l’aurait même pas projeté dans cette situation. Donc, ça fait partie de la surexcitation de la conscience inférieure.

 

Et c’est pour ça que l’Homme dans le monde, dans toutes les situations dramatiques que l’on vit aujourd’hui, en Yougoslavie, par exemple, vit toujours cette surexcitation. Et la surexcitation psychologique de l’ego par rapport à un égrégore social, fait partie de cette grande soupe d’énergie qui est responsable du conditionnement de l’expérience humaine, qui est responsable aussi de beaucoup de souffrance et qui, aussi, ne peut pas donner à l’Homme de raison ou de réponse finale à cette condition. Et c’est ça l’involution.

 

 

DM : Vous parlez de surexcitation par rapport à un égrégore social, est-ce que les sources de surexcitation dans la psychologie de l’ego contemporain, sont inévitablement liées à une idéologie ou à un courant de pensée, social ?

 

 

BdM : Sur le plan social oui. Oui, oui, oui. Même sur le plan plus personnel, par exemple, d’un mariage ou d’une alliance, oui. Oui, parce que les idéologies sont des fragments de vérité. Toute idéologie est un fragment de vérité. Que vous preniez l’idéologie socialiste et marxiste, par exemple, où on voudrait que les Hommes soient égaux, bon ! Que les Hommes soient égaux, c’est un fragment de vérité. Où l’Homme est égal c’est dans la conscience, sa conscience universelle, l’Homme est égal dans une conscience universelle, parce qu’une conscience universelle c’est universel. 

 

Mais dans une conscience partagée à l’échelle, partagée sur l’échelle de toutes les âmes en incarnation, c’est une impossibilité. Comment voulez-vous que les Homme soient égaux ? Alors l’Homme sera égal dans une conscience universelle. Mais dans une conscience relative sociopsychologique expérimentale, comme la conscience de l’involution, l’Homme ne peut pas être égal. Donc cette idéologie était fausse. Non pas qu’elle n’avait pas des attraits, la preuve c’est qu’elle a attiré beaucoup de gens, un peu comme le capitalisme aux États-Unis, il a des attraits. Mais toute idéologie a des failles, parce qu’une idéologie c’est toujours la fragmentation d’une réalité, donc c’est toujours une forme de vérité.

 

C’est très important de comprendre la différence entre la réalité, la vérité et le faux. Le faux c’est simplement l’envers de la vérité. La vérité c’est l’envers du faux. Autrement dit, dans le faux il y a toujours de la vérité, et dans la vérité il y a toujours du faux. C’est pour ça que, par exemple, en société, on a des politiciens qui sont censés nous offrir un caractère véritable de la personnalité, et puis on s’aperçoit au bout de quelques années qu’il y avait des failles dans leur vérité. Que ce soit des hommes de lois ou que ce soit des hommes de religion, ou des clercs, ainsi de suite. Donc dans la vérité il y a du faux, dans le faux il y a de la vérité. 

 

Et pour faire la synthèse de ces deux aspects-là, qui font partie de l’expérience de l’âme sur la Terre, il faut que l’Homme en arrive éventuellement à se sortir du besoin de la vérité, comme il se sort plus facilement, en général, du besoin du faux, si on prend l’Humanité en général. Mais pour avoir accès, pour comprendre le réel, autrement dit il faut être totalement unique dans sa conscience, c’est-à-dire individualisé parce que dans le réel l’émotion n’existe pas. 

 

Donc l’émotion n’existant pas, la surexcitation n’existe pas. Cette surexcitation étant invalide ou non valide pour traiter du réel dans la forme, l’Homme est obligé, sur le plan de sa conscience mentale, de regarder le faux et de regarder le vrai, et de faire une synthèse des deux, et de partager l’ambition des deux polarités, autrement dit partager entre la situation de R. King et partager entre la situation du corps policier de Los Angeles. 

 

Sinon à ce moment-là, on vit une polarité qui peut être très exaltante. On vit une très grande surexcitation au niveau de la masse, au niveau de l’individu, et on finit par ce qui se passe maintenant, une crise, une crise sociale qui est simplement un embryon, un égrégore embryonnaire d’autres crises sociales qui vont se développer. Parce qu’une crise sociale, ça ne se… Surtout au niveau d’une race, ça perdure, ça perdure, parce que ça fait partie de l’identité sociale de l’individu. 

 

Si l’individu était dans son identité intégrale, à ce moment-là ça ne pourrait pas perdurer cette crise de race, parce que l’individu se retire toujours de la conscience de la race. Et on découvrira au cours de l’évolution, qu’effectivement, l’individu, l’Homme intégral, se retirera graduellement, dans la mesure où il aura les forces, la force, la puissance intérieure de se retirer de cette conscience, de cet égrégore social, parce que c’est très difficile de vivre en dehors d’un consensus social quand on n’est pas parfaitement en fusion, parce qu’on a encore des mécanismes psychologiques, on a encore un moi qui a besoin d’être nourri, on a encore une personnalité qui a besoin d’être soutenue.

 

Alors qu’un Homme qui a une conscience intégrale, a de moins en moins de personnalité, il est beaucoup plus une personne, son moi est devenu très très transparent. Donc il a très facilement accès à une source d’information qui fait partie de sa voyance universelle, qui fait partie de son savoir, qui fait partie, non pas de sa connaissance, mais de son savoir. Donc à ce moment-là, il est sûr de ne plus être affecté par la surexcitation qui puisse se manifester dans une expérience sociale, à quelque niveau que ce soit, dans n’importe quel pays, ou en fonction de n’importe quelle race.

 

 

DM : Comment un individu réussit dans un processus de conscience à se dégager de ses attaches, que je qualifierais quasi de viscérales, avec sa race ?

 

 

BdM : C’est une bonne question, ça. Il y a deux étapes. Premièrement il faut qu’il comprenne certains principes. Il y a des principes de base qui existent dans la conscience universelle, qui empêchent l’Homme de perdre son identité. Exemple : un Homme doit comprendre qu’il ne doit pas se comparer à d’autres. Un individu c’est unique. Chaque individu unique, chaque individu a sa propre lumière, ainsi de suite. Donc un individu doit apprendre à ne pas se comparer à d’autres individus. Ne pas se comparer à d’autres individus veut dire, ultimement, récupérer son énergie, parce que dans nos rapports avec les Hommes, on perd de l’énergie, c’est comme si on leur alloue un certain degré de puissance sur soi.

 

Les masses le font par rapport aux gouvernements, les individus le font par rapport à la masse. On alloue, les individus ou le consensus social, ou le consensus individuel, à affecter notre conscience personnelle. De sorte que nos valeurs humaines, qu’on vienne de n’importe quel pays ou qu’on appartienne à n’importe quelle race, notre façon de pensée, le schéma de notre mental, notre conscience psychologique, elle est toujours mesurable en fonction de notre rapport avec le consensus social. Donc on donne et on reçoit. Par contre, dans le processus de recevoir on est toujours “enlevé”, on nous enlève, on nous enlève, et on nous enlève. 

 

Et ce processus-là se fait pendant des siècles, et des siècles, et des siècles, et on arrive à un certain point de développement, de raffinement, de sophistication sociale, et jusqu’au point où l’individu ne puisse plus respirer dans l’ambiance sociale, qui était très très sophistiquée. Donc on en arrive à un point où les valeurs sociales sont amenées à se cristalliser dans un égrégore très puissant, où l’individu n’a plus de place. 

 

Mais là, on atteint pas mal ces plans-là, maintenant, à la fin du vingtième siècle. L’Homme se considère pas mal un numéro. Les grandes activités créatrices, même si elles sont karmiques, de l'individu, telle que la médecine, par exemple, la médecine se déshumanise, elle devient systématisée, le travailleur est intégré dans des systèmes de conscience collective. Donc tout devient de plus en plus difficile pour l’être humain. 

 

On nous envoie des notes par la Poste, on a accès à notre adresse, American Express vend notre adresse à d’autres compagnies, on est constamment forcé de prendre le paquet de Poste, de mettre de côté des journaux, des annonces. On est constamment agressé. Pourquoi ? Parce qu’on a donné constamment, et constamment, et constamment, et là on pense ou on s’imagine qu’on va pouvoir retirer. On ne retire pas ! Quand on fait partie de la conscience de la masse ou de la conscience sociale, ou du consensus social, on ne retire pas à la société. C’est une illusion.

 

 

DM :  Qu’est-ce qui se passe alors ?

 

 

BdM : Ce qui se passe, c’est qu’où l’Homme peut ou a l’impression de reprendre son droit, c’est en créant comme les Français l’ont fait, ils ont créé une révolution contre la monarchie. Les Russes ont créé une révolution contre le tsarisme en Russie. Mais créer une révolution n’affranchit pas l’individu en tant qu’être unique. Il ne fait qu’affranchir l’individu en tant qu’espèce qui, à l’intérieur d’un système, est très dérangé, ce qui lui permet de créer un autre système qui le dérangera d’une autre façon.

 

 

DM : Oui.

 

 

BdM : Ça, c’est l’histoire de l’Humanité. Donc ça, ça fait toujours partie de l’involution. Donc à un certain moment donné de l’évolution, il faudra que l’individu, au lieu de se battre à vouloir reprendre ce qu’il a donné, je ne veux pas dire qu’il ne doit pas se battre à reprendre ce qu’il a donné, mais ça, ça fait partie de l’expérience de l’individu inconscient, il y a des Hommes dans le monde qui se battront, qui se promèneront avec des pancartes, ou qui tireront du fusil pour des raisons de consensus social. Ça, ça fait partie de leur expérience, ça fait partie de l’expérience de la masse, ça fait partie de l’expérience karmique des individus.

 

Mais il y a aussi des individus réellement individualisés qui ne prendront pas le fusil, ou qui ne reprendront pas la carte pour reprendre à cet égrégore social, des choses qui leur ont été enlevées. Parce qu’ils se redonneront le pouvoir, ils se redonneront l’individualité, l’unicité, à partir de leur façon de voir, de comprendre et de savoir le réel. Ça, c’est l’Homme nouveau.

 

 

DM : OK. Donc on comprend comment l’identité est passée sous le feu de l’érosion. Maintenant comment l’individu qui est dans un… L’Homme nouveau, comment l’individu, élimine les effets d’érosion qui sont liés à la collectivité ? Comment l’individu se donne des droits, quand il les a perdus pendant des centaines d’années ?

 

 

BdM : N’oubliez pas une chose, que lorsqu’on parle de l’involution… Dans l’involution, dans l’évolution des systèmes politiques, ainsi de suite, les systèmes philosophiques, il  y a toujours une progression, il y a toujours une sophistication. Donc on est rendu aujourd’hui au vingtième siècle où, si on part du travail que font les Américains en tant que nation, en tant qu’égrégore national, on est rendu... les Canadiens, ainsi de suite, les Européens, on est rendu à un point où les droits de l’Homme sont de plus en plus avantagés. 

 

Bon, il y a certaines luttes, mais ce processus-là il est commencé. Mais ce que l’Homme conscient a besoin, ce ne sont pas les droits de l’Homme. Ce que l’Homme conscient a besoin c’est de la conscience. Une fois qu’il a sa conscience, il est capable de se déplacer à volonté dans les pays où les droits de l’Homme, qui sont des droits relatifs, sont suffisamment avancés ou développés dans leur progression, pour que lui, en tant qu’individu conscient, n’ait pas trop trop à se battre. 

 

Donc un individu conscient n’irait pas, par exemple, vivre dans une dictature. Il déménagerait dans une démocratie relative. Donc à ce moment-là, dans une démocratie relative où il y a des abus de droit, ces abus de droit là sont faits, parce qu’il y a contestation de puissance. Le type R. King a vécu une contestation de puissance par rapport au corps policier, ça a dégénéré en une lutte de droit. 

 

S’il n’avait pas vécu la contestation de puissance, autrement dit s’il n’avait pas mis son auto en puissance, s’il n’avait pas créé une situation où le policier était obligé de courir après lui, cette situation-là ne se serait pas produite. Même si, égrégoriquement parlant, les policiers ont le potentiel de donner des coups qui seraient au-delà d’une certaine mesure. Lui en tant qu’individu, karmiquement responsable de son lien avec la vie, a enchaîné, a créé un égrégore qui est devenu toute une chose. 

 

Autrement dit, R. King a inconsciemment et karmiquement, la mission de créer dans la conscience américaine, les évènements qui ont créé le choc dans la conscience américaine, qui, ultimement, va amener une progression, puis des changements dans les rapports entre les races, puis même au niveau constitutionnel du droit. Ça, ça fait partie de son rôle inconscient. Mais un Homme conscient n’est pas intéressé à vivre une mission par rapport à des besoins d’évolution personnelle ou sociale, sur le plan de la société.

 

 

DM : Il ne cherche pas à développer des droits, de la façon dont…

 

 

BdM : Il ne cherche pas à développer des droits. L’Homme conscient, ce qu’il cherche, ce qu’il a besoin, c’est de la conscience. Quand tu as de la conscience, tu es capable d’ajuster ta conscience aux différents niveaux de droit qui existent dans différentes sociétés. Moi par exemple, si j’allais en Arabie Saoudite, bon, ben je serais capable… (Coupure enregistrement)… (Reprise en cours) (…)Donc c’est la surexcitation astrale qui fait en sorte que l’âme devient chez l’individu la force de propulsion de son expérience. Alors qu’au niveau d’une conscience mentale supérieure, il n’y a absolument rien qui puisse propulser l’Homme dans une expérience.

 

 

DM : Vous voulez dire à ce moment-là, que le corps astral de l’individu se fanatise à l’intérieur d’une idée ou d’une vérité, comme vous avez parlé ?

 

 

BdM : Oui.

 

 

DM : Et puis elle justifie tous ses mouvements à partir de…

 

 

BdM : Effectivement, elle peut les justifier, effectivement. 

 

 

DM : Est-ce que… Là c’est facile de voir qu’un individu comme ça en entraîne d’autres, est-ce qu’un individu conscient a le même - je dirais - pouvoir d’entraînement que l’autre qui est fanatisé ?

 

 

BdM : Un individu conscient va toujours chercher à individualiser l’Homme, donc à le rendre conscient, donc à l’éloigner de la surexcitation.

 

 

DM : Donc je ne peux pas dire penser par lui-même là, mais à prendre une décision par lui-même. Qu’est-ce qui se passe entre deux individus qui sont en processus de conscience, est-ce qu’ils s’entraînent mutuellement dans des mouvements ou dans des actions… Là, c’est difficile à expliquer parce que c’est vous qui devez l’expliquer (rires du public), qu’est-ce qui se passe entre deux individus conscients ? Qu’est-ce qui permet à deux individus qui sont dans un processus conscient d’individualisation, de collectiver leur énergie finalement, et de ne pas affecter l’identité de l’autre ?

 

 

BdM : Le respect intégral de leur personne.

 

 

DM : Ils respectent quoi exactement ?

 

 

BdM : Ils respectent l’être. Ils  respectent l’Esprit de l’autre, ou ils doivent, ou ils en arriveront à respecter l’Esprit de l’autre. Parce que respecter l’Esprit d’un Homme ou respecter l’Esprit d’une autre personne, c’est prendre en conscience son intelligence, qu’elle soit bien ou mal formulée, et ça c’est vibratoire. Donc prendre en conscience l’Esprit d’une personne, ça nous amène à le respecter, et en le respectant ça nous amène à ne pas empiéter sur son individualité. Si on n’empiète pas sur son individualité, à ce moment-là on ne cherche pas à l’englober, donc on ne cherche pas à créer un consensus personnel ou social, pour l’emprisonner dans une forme de pensée quelconque qui, ultimement polarisée, deviendrait une forme de vérité ou une forme de mensonge.

 

 

DM : Quels sont les symptômes de cet englobement-là ? Comment on peut identifier un individu qui est surexcité biologiquement et puis qui cherche à englober ? Comment on peut l’identifier ?

 

 

BdM : La surexcitation psychologique amènera toujours l’individu à développer un programme de vérification de sa valeur de pensée par rapport à d’autres, dans la mesure où ces autres-là seraient prêts à l’accepter.

 

 

DM : Donc il y a beaucoup de réflexion là.

 

 

BdM : Totalement. Il y a beaucoup de réflexion et il y aussi un besoin chez l’individu, d’aller chercher chez les autres, l’énergie nécessaire pour sa propre glorification. L’Homme, même si je vais un peu à l’extrême, l’être humain inconscient, l’Homme de l’involution, même s’il est sans pouvoir dans un sens, il est, il demeure un démagogue. L’Homme c’est une démagogue. L’Homme est un démagogue.

 

 

DM : Tous les Hommes.

 

 

BdM : Tous les Hommes sont des démagogues. Autrement dit, tous les Hommes ont la capacité ou la faculté, dans leur expérience, de projeter leurs valeurs pour que d’autres les accepte, afin de créer un pont entre lui et eux, afin de solidifier leur propre identité, qui est fausse à la source. Donc l’Homme inconscient c’est un démagogue. Il peut être un démagogue moyen, il peut être un petit démagogue, il peut être un très grand démagogue, mais l’Homme est un démagogue.

 

Puis si je pousse plus loin cette qualité foncière de l’Homme, je dirais que l’Homme est un démagogue, parce qu’il n’est pas capable de s’assurer de sa propre identité, seul. Il est obligé de se l’assurer par rapport à d’autres. Donc l’Homme est un démagogue. Parce que si on va plus loin que… Moi je suis toujours en train de défier Larousse, mais je suis obligé, parce qu’il faut que je fasse éclater des formes... Mais un démagogue, c’est une personne qui cherche par l’entremise de sa propre personnalité, d’entraver au développement de l’autre personnalité, qui l’amènerait ultimement à être simplement de la personne. Donc un démagogue ne peut pas et n’est pas capable seul, de vérifier son identité, il la vérifie par rapport à d’autres, et c’est ce que l’Homme fait. 

 

C’est pour ça que je dis l’Homme donne toujours au consensus social, la valeur créative de ses perceptions relatives, basées sur le vrai ou le faux, parce qu’il n’a pas d’identité. Si l’Homme avait une identité intégrale, il n’aurait pas besoin du consensus social pour vérifier la contenance de sa conscience, c’est-à-dire l’exigence créatrice de son mental. Il serait totalement capable de supporter seul l’unicité de sa conscience. Ça, c’est l’Homme nouveau.

 

 

DM : Bon, ben, cette solitude, est-ce qu’un individu conscient la supporte au point d’être appelé à se couper de l’environnement social ?

 

 

BdM : Ça dépend de lui, ça dépend de lui ça, la coupure de l’individu, d’ailleurs l’Homme n’a pas besoin de se couper de l’environnement social, parce qu’un être conscient est tellement agile, il est tellement plastique, il est tellement capable de… N’oubliez pas une chose, qu’un être conscient dans le sens que je le parle, a une très grande psychologie de l’Homme, donc il connaît l’Homme, il a une voyance de l’Homme, donc il connaît les faiblesses de l’Homme, il connaît les forces de l’Homme.

 

Un être conscient c’est un Homme ultimement qui a contact avec des réseaux ou des circuits universels, donc il est capable de comprendre objectivement n’importe quoi. Il est capable de comprendre ce qui se passe dans une situation sociale, d’une façon objective, mais sans se surexciter. Et c’est ça qui lui donne l’avantage ou la capacité de se mélanger avec les Hommes de différents acabits, sans être lui-même affecté dans sa conscience, autrement dit sans être obligé de donner au consensus social, pour qu’il puisse lui-même se vérifier personnellement.

 

Un être conscient ne se vérifie jamais par rapport à la société. Il se vérifie par rapport à sa fusion. Quand il regarde la société, c’est pour observer la société, comprendre la société, apporter quelque chose à la société, mesurer les différents niveaux, les différentes échelles de perception de la société, et demeurer toujours équilibré par rapport aux différents cycles d’évolution de cette société. Un Homme qui regarderait, par exemple, un Homme conscient qui regarderait le mouvement panislamique fondamentaliste en Afrique du Nord, qui regarderait l’évolution du peuple Juif, qui regarderait l’évolution de la Russie, qui regarderait ce qui se passe aux États-Unis ou ce qui se passe dans le Pacifique avec les Japonais, tout ça c’est très clair. Donc il ne peut pas en tant qu’individu, miser sur des rapports de force qui font partie du consensus social qui sont, eux, totalement expérimentaux. 

 

Il est simplement un grand observateur de la scène humaine. Il devient dans un sens une sorte de Shakespeare permanent. Non pas un Shakespeare qui moralise pour l’évolution de l’Humanité, mais un Shakespeare qui retire de cette conscience universelle, les différentes ficelles qui lui permettent à lui, en tant qu’individu totalement déprogrammé sur le plan astral, d’avoir une vue d’ensemble de l’évolution d’une planète.

 

 

DM : Où est la créativité à ce moment-là pour l’individu conscient ? Où est-ce que son action dans une collectivité quelconque peut être considérée créative ?

 

 

BdM : Ça dépend où il la place. Ça dépend où il la situe. Elle peut être n’importe où, elle peut être en médecine, elle peut être en architecture, elle peut être dans les mêmes sphères que l’Homme inconscient connaît. Par contre, il est évident qu’un Homme conscient qui travaillerait à l’intérieur de certaines sphères sociales, dans la mesure où il aurait une très très grande conscience, éventuellement il créerait soit des chocs pour ajuster cette sphère sociale, ou il serait obligé de se retirer de la sphère sociale pour se créer d’autres sphères qui seraient très occultes à sa personne.

 

Autrement dit, je ne vois pas que l’Homme conscient… Je ne vois pas qu’un Homme très très conscient puisse demeurer dans des sphères sociales. Je ne veux pas dire qu’il n’aimerait pas, mais je dis qu’il ne pourrait pas demeurer. Donc il serait obligé de créer des mécanismes particuliers pour restreindre le choc que sa vibration pourrait créer à l’intérieur d’une sphère sociale. Donc il créerait les mécanismes de par sa conscience. 

 

Je vous donne, par exemple, une personne comme moi qui voudrait agir dans la politique, bon, je serais obligé d’agir en arrière de la politique, en arrière d’hommes politiques. À ce moment-là, moi en tant qu’individu, je ne serais pas connu, mais je je pourrais amener des idées créatives pour régler certains problèmes d’ordre social. Mais si j’étais à l’avant d’une scène politique, ben, le choc serait trop grand, donc ma vie serait en danger. Bon, c’est la même chose pour un Homme conscient dans différentes activités sociales. 

 

Un grand médecin conscient, à l’intérieur de la médecine, il créerait des chocs terribles. Donc il serait obligé de créer des systèmes, et sa conscience créatrice lui permettrait de créer des systèmes, ou s’il était trop trop avancé dans la conscience, il se retirerait complètement du système, pour créer d’autres systèmes, mais d’un autre ordre, totalement occulte, totalement hermétique, qui servirait des causes qui, aujourd’hui, seraient totalement cachées à l’Humanité.

 

 

DM : Donc il serait pour l’avenir, finalement prêt. La façon dont vous parlez, l’être conscient a des ressources quasi inépuisables…

 

 

BdM : L’être conscient a des ressources inépuisables dans la mesure où il est capable de vivre sa conscience. Mais l’être conscient… Vous savez c’est un grand mot “être conscient”. Être conscient c’est un très très grand mot. C’est un mot que les gens utilisent à gauche, à droite. Être conscient c’est un grand mot. C’est un grand mot, être conscient (rires du public).

 

 

DM : Ça semble être très différent d’être bien informé. Il y a conscient et puis être informé ?

 

 

BdM : Ouais, ouais, c’est très différent d’être informé. Si on me demandait qu’est-ce que c’est être conscient, réellement être conscient ? C’est de vivre par rapport à une conscience universelle qui est dans une autre dimension et qui est en étroite relation avec votre mental, qui a la possibilité de vous dicter la vie. Ça, c’est être conscient. Donc la moindre surexcitation du corps astral, la moindre perturbation créée par l’âme, est mise en échec par le pouvoir vibrant de l’Esprit. Ça, c’est être conscient. Autrement dit, c’est être totalement en dehors de la personnalité, avoir un ego totalement transparent. Ça, c’est être conscient. Et c’est ça qui est difficile.

 

 

DM : Bon. L’individu, Bernard, en tout cas qui vise à devenir conscient, probablement qu’à un certain moment donné, il prend conscience qu’il n’a pas besoin d’une collectivité, quelque part. Alors que…

 

 

BdM : Ce n’est pas qu’on n’a pas besoin d’une collectivité. La collectivité elle est là, l’Homme est sur le plan matériel, que vous soyez conscient, vous avez un corps matériel. C’est comment l’Homme traite avec la collectivité, comment l’Homme traite avec ce que les Hommes ont crée, comment l’Homme traite avec la mémoire de la race. Il y a une façon créative de traiter avec la mémoire de la race, et il y a une façon dégénérative ou involutive de traiter avec la mémoire de la race. L’Homme conscient sait comment traiter avec la mémoire de la race.

 

 

DM :  Donc Il ne se coupe pas ?

 

 

BdM : Non, non, il ne se coupe pas. Dans sa tête il est coupé, mais en action, il ne se coupe pas.

 

 

DM : Bon, à ce moment-là est-ce qu’on pourrait penser que cet individu-là fonctionne autant avec le vrai que le faux, dans ses activités de tous les jours, dans le quotidien ?

 

 

BdM : Il va faire l’équilibre du vrai et du faux qui fait partie de la conscience de l’Homme démagogue.

 

 

DM : Allez-y, un petit peu plus loin.

 

 

BdM : Autrement dit… Bon, je vous donne un exemple, avec tout le respect que je dois à ce groupe, là je prends un exemple. Supposons qu’un Témoin de Jéhovah venait chez nous, cogner à la porte. Bon, je pourrais très bien l’inviter à prendre une tasse de thé, puis l’écouter parler, dépendant de sa vibration. Parce que ces gens-là ce sont des gens biens, ce sont des gens spirituels, quel que soit… Donc je pourrais l’inviter chez nous, et puis lui dire : “bon, ben, venez me parler de Jéhovah et tout ça”. Et le type serait très content de venir dans ma maison, prendre une petite tasse de thé, se faire recevoir sans se faire taper le nez, puis là il me parlerait, il me ferait son baratin de Jéhovah.

 

Donc je pourrais lui allouer une demi-heure heure, quarante-cinq minutes, j’ai beaucoup de patience (rires du public). Et ça lui ferait plaisir, puis ensuite je lui dirais : “maintenant j’ai des choses à faire, il faut que vous me laissiez”. Mais la seule raison, la seule condition que je vous fais rentrer dans ma maison, c’est de ne jamais revenir. Vous avez le droit de venir une fois, mais vous ne pouvez pas revenir deux fois. Parce que vous n’allez pas faire de moi un Témoin de Jéhovah, je suis d’autre chose. 

 

Si vous acceptez de venir dans ma maison pendant quarante cinq minutes, mais de ne jamais revenir, à ce moment-là vous pouvez entrer, je peux vous servir le thé (rires du public). Bon, à ce moment-là je respecterais l’équilibre de la valeur relative des vérités, du vrai et du faux, qui fait partie de la conscience démagogique de l’Homme involutif, et ça s’arrêterait là.

 

 

DM : OK.

 

 

BdM : Mais si j’avais de la surexcitation et que j’étais moi-même démagogique ou démagogue, ou si j’étais polarisé dans le vrai et le faux... Là à ce moment-là, je dirais : “écoute, moi je suis Bernard de Montréal, tu ne vas pas rentrer chez moi, mon p’tit câlisse”... Vous comprenez là ? Là, ça serait de l’illusion, là je tomberais dans ma propre illusion. Alors qu’une conscience universelle est capable d’absorber très très facilement la relativité du vrai et du faux. C’est pour ça que je dis qu’un Homme conscient n’est pas dans le vrai et le faux, mais est capable d’équilibrer avec. Autrement dit, un être conscient est capable de travailler avec l’énergie positive, l’énergie négative, et créer, établir l’équilibre du yin et du yang, mais il ne se fait pas “yin-yan-gner” (rires du public).

 

 

DM : La façon dont vous parlez, un individu conscient dans les faits de tous les jours, est très anonyme. Il semble être un caméléon extraordinaire dans…

 

 

BdM : C’est de la conscience.

 

 

DM : Oui, mais il n’impressionne pas cet individu conscient-là ? Parce que la conscience, on dirait qu’on voit ça un peu comme un pouvoir là. L’individu semble disposer dans sa relation avec son Esprit, d’un pouvoir, l’autorité d’une certitude ?

 

 

BdM : Oui, mais ça, ce sont les Hommes qui créent ça. Vous, vous êtes moins… Il y a un facteur de proximité là-dedans aussi. Vous, vous me connaissez plus, vous venez chez moi, bon, donc il y a plus de proximité entre vous et moi, qu’entre moi et la personne là-bas. Donc automatiquement, vous êtres moins impressionné par ma personne. 

 

Tandis que la personne qui me voit seulement en conférence une fois par mois, va être naturellement plus impressionnée. Mais ça c’est une illusion d’optique. Donc plus on se rapproche d’une personne, plus on connaît une personne, plus… Vous savez, quand je suis chez moi et que je pète, je pète comme tous les hommes. Je m’excuse d’avoir pété (rires du public). Donc on rit, mais il y a peut-être des gens dans le monde qui diraient : “ah, Bernard de Montréal, il pète, (rires du public), ce n’est pas possible”. Ça, c’est la distance qui crée ça. Vous comprenez ?

 

 

DM : Oui, oui.

 

 

BdM : C’est un peu comme le phénomène de la reine, vous comprenez ? Mais ça, ce sont des illusions que l’Homme vit. Mais l’être conscient ne doit pas les… Comment vous dites ?

 

 

DM : Les surévaluer ?

 

 

BdM : Non, non, il ne doit pas les utiliser, il ne doit pas faire exprès, il doit les diminuer. Toujours en gardant une certaine distance, parce qu’aussi, il y a le fait que si on réduit trop la distance, à cause du fait que l’Homme est trop surexcité ou surexcitable, à ce moment-là on n’a plus de vie privée. Mon problème ce n’est pas de rencontrer l’Homme dans un contexte privé. Mon problème c’est de perdre ma vie privée. Et ça, pour cette raison-là, je crée une certaine distance. Mais il y a une distance normale, comme pour une personne publique, et il y a une distance qui est anormale, et cette distance anormale là, ce sont les gens qui la créent dans leur tête.

 

 

DM : Bon, donc si à ce moment-là l’individu dans sa conscience, fait vivre à d’autres finalement une impression de puissance ou d’importance, ce n’est pas réellement lui qui l’a créée. Lui, ne veut pas ça, l’individu conscient ne veut pas créer cette…

 

 

BdM : C’est la réflexion de l’ego de celui qui reçoit. C’est l’Homme. Ce sont les Hommes qui ont créé les dictatures, ce sont les Hommes, ce sont les Allemands qui se sont agenouillés devant Hitler. Ce sont les Italiens qui se sont agenouillés devant Mussolini. Ce sont les Hommes qui créent des dictatures. Ce ne sont pas les dictateurs qui se créent.

 

 

DM :  À cause d’un manque d’identité ?

 

 

BdM : À cause d’un manque d’identité. Ce sont les Hommes. C’est pour ça, je ne sais pas qui a dit ça, c’est très rare que je cite des personnes, mais quelqu’un a dit que les peuples ont les gouvernements qui leur vont bien. Très juste. Ce sont les Hommes qui créent les dictatures. On fait la même chose avec les héros du cinéma, il y a combien de personnes qui, s’ils étaient en présence de Armando Assante, surtout les femmes, elles perdraient toute leur couleur, ou elles les auraient toutes, vous comprenez ? On est, on est…

 

 

DM : Qu’est-ce qui crée ça, Bernard, ces impressions ?

 

 

BdM : C’est la surexcitation que vit l’ego astralement par rapport à d’autres personnes. C’est un manque d’identité.

 

 

DM : Mais le fait d’être prêt d’une vedette, j’étais au restaurant hier avec ma femme, et puis j’ai vu justement une vedette s’asseoir à côté de la table où on était, puis j’ai arrêté de parler, tu sais, il y a eu un temps de pause.

 

 

BdM : C’est parce que vous avez été impressionné.

 

 

DM : Ouais, mais c’est quoi qui fait ça, c’est le besoin de parler avec ? C’est quoi ?

 

 

BdM : Non, non, non, non. Vous savez ce que c’est le vedettariat ? Le vedettariat c’est la maximalisation chez autrui de ce qu’on n’est pas soi-même. Quand vous parlez vedette à n’importe quel niveau, c’est la maximalisation chez autrui, de ce que nous ne sommes pas. Donc si vous n’êtes pas vedette ou suffisamment vedette, et que l’autre l’est plus que vous, automatiquement il y a une polarisation de votre énergie et votre corps astral vibre, et vous êtes mis en surexcitation. Et ça, ça va jusqu’à la divinité. Dieu qu’est-ce que c’est ? C’est la grande vedette, la maximalisation de ce que l’Homme n’est pas.

 

C’est très très dangereux le vedettariat aujourd’hui, et c’est devenu aux États-Unis l’élément qui va, au cours des générations à venir, totalement démantibuler la conscience de l’individu, qui va totalement annihiler l’individu et sa capacité à prendre réellement contrôle de ses énergies, de son identité. C’est rendu très grave aux États-Unis. Très grave.

 

 

DM : Dans le cinéma, les sports entre autre… la musique !

 

 

BdM : Le cinéma, les sports, tout ça. Et c’est fondé sur quoi le vedettariat ? C’est fondé sur certains systèmes qui utilisent cette image plus grande que la vie, pour se créer un pouvoir financier, en Amérique ou dans les pays de l’Ouest, ou se créer un pouvoir politique comme en Russie, ou en Chine avec Mao Tse Toung. Donc le vedettariat c’est absolument abominable. Je ne dis pas que les gens qui sont des vedettes sont abominables.

 

 

DM : Non, non, non !

 

 

BdM : Je dis que le vedettariat est abominable. Que nous ayons des grands artistes c’est merveilleux. Mais que nous ayons des masses qui se perdent ou des individus qui perdent leur identité face à ces artistes, c’est absolument une erreur de perception, c’est une très grave erreur sur le plan individuel, c’est abominable. Il n’y a rien pour valider ce phénomène-là, c’est un phénomène d’inconscience, c’est un égrégore social qui devient de plus en plus puissant. 

 

Aux États-Unis, puisque ça vient de Hollywood cette technique de développement, aux États-Unis les individus perdent de plus en plus leur identité. Tout ce qu’on entend parler sur les télévisions américaines, c’est les acteurs. Il vient un point où les acteurs auront autant de pouvoir que les politiciens. Ils se mettent en groupe ensuite. C’est absolument incroyable. Donc le vedettariat c’est absolument contre l’individualité de l’Homme et c’est très dangereux. Et plus nous avançons dans la vie ou plus nous avançons dans la fin du cycle, plus cet égrégore devient puissant, et plus les Hommes perdent de leur identité.

 

 

DM : La vedette elle-même est-ce qu’elle est affectée par, je dirais, la fascination que la masse a ?

 

 

BdM : Les vedettes se servent de ceci pour se donner d’abord un pied solide dans leur profession, pour grandir dans leur propre développement artistique, dans leur propre recherche, dans leur propre individualité personnelle. Au début les vedettes aiment être glorifiées en tant que vedettes, mais quand ce sont des vedettes qui sont réellement de grandes… Qui sont là depuis des années, vous prenez des… Je ne sais pas moi…

 

 

DM : Brando, Marlon Brando !

 

 

BdM : Oh, on va oublier Brando quelques minutes là. Mais disons, les grandes vedettes, qu’est-ce qu’il y aurait comme… Celui qui a fait “Zorba le Grec”.

 

 

DM : Anthony Quinn.

 

 

BdM : Anthony Quinn. Il y a des grandes vedettes… Ou celui qui a perdu sa femme au cancer là, qui faisait les films de… Charles Bronson ! Il y a de ces Hommes-là qui ne veulent pas vivre ce… Ils veulent vivre leur vie privée, ils veulent vivre dans l’Utah, aller à la pêche, ils veulent vivre leur vie privée. Mais ce sont des gens qui ont une certaine sagesse. Mais une personne qui vit dans le vedettariat toute sa vie, c’est une personne qui manque beaucoup de maturité. Et d’ailleurs ce régime d’adulation va éventuellement l’amener au cancer, parce que le vedettariat ça vous pousse à vivre à un rythme qui n’est pas normal, ainsi de suite. Donc il y a un prix à payer pour ça. Donc à un certain moment donné, d’accord il y a le vedettariat, ça sert, ainsi de suite, mais un jour il faut réellement contrôler ça. Si on ne contrôle pas, on devient victime aussi.

 

 

DM : Bon. Les gens qui n’ont pas d’identité ont souvent tendance justement à comme projeter leur avenir ou leur dynamisme avec une image d’une vedette, qu’on appelle les fans de X vedette là. L’érosion de la personnalité est-ce qu’elle vient du fait… L’érosion de l’identité, pardon, est-ce qu’elle vient du fait qu’on s’identifie à d’autres, ou si c’est vraiment parce qu’à la base, on n‘a pas de référent dans notre environnement familial, dans l’adolescence, dans l’enfance, pour se donner une consistance ? Est-ce que le fait de s’accrocher à, je dirais, un portrait de ce qu’on voudrait être plus tard, est-ce que c’est quelque chose qui est naturel dans un être ou si c’est parce qu’on a une mauvaise éducation ?

 

 

BdM : Non. Bon, les deux. Chez un enfant, par exemple, qui serait élevé par des parents qui sont inconscients, vous avez un facteur de développement, il y a une période de développement de son identité jusqu’à vingt-et-un ans, donc c’est normal pour un enfant qui n’a pas d’identité, de s’accrocher à une certaine vedette. Ça, c’est normal. Un enfant qui serait élevé par des parents conscients ne pourrait pas vivre de connexion psychique ou psychologique avec une vedette parce qu’il aurait déjà son identité.

 

Donc si nous parlons au niveau de l’involution, c’est normal que les enfants jusqu’à un certain âge, aient cette fixation. Mais à un certain moment donné, il faut que ça arrête. Et si ça n’arrête pas, ben, à ce moment-là c’est simplement un signe, une mesure de ce manque d’identité. Et le problème c’est que si l’Homme n’en arrive pas à développer sa propre identité, ben, il souffre au cours de sa vie, parce que ça devient fatigant de voir des gens qui sont dans la lumière et puis dans le “spotlight” (projecteur), et qui fonctionnent, et qui pètent du feu, et nous, tout ce qu’on pète, ce sont des noix.Ça devient écrasant pour l’ego. 

 

Donc l’Homme a avantage à développer fortement sa conscience, c’est-à-dire développer fortement son identité pendant qu’il est jeune, pour en arriver à un certain âge, une fois qu’il a passé à travers les cycles astrologiques qui sont en opposition avec son plein développement, pour en arriver finalement à sentir son unicité, sa conscience, sa personne, et apprécier les grandes vedettes ou les vedettes à différents niveaux, mais ne jamais être assujetti à leur présence.

 

 

DM : Et puis aduler ou idéaliser le père ou la relation avec la mère, ou une personne dans notre famille proche, est-ce que c’est normal ?

 

 

BdM : Quand on est jeune c’est normal, mais ça encore, il y a les deux côtés. Un père conscient ou une mère consciente aurait tendance à amener l’enfant à ne pas l’idolâtrer, à ne pas l’idéaliser, comme vous dites, afin de lui permettre de commencer à prendre conscience de ses propres racines, de son propre être. Mais si nous parlons de l’involution, c’est normal qu’un enfant ou que des enfants vivent l’adulation des parents, parce que les parents pendant l’involution, n’ont pas tendance à se démasquer par rapport à l’enfant. Ils ont tendance à garder une certaine position afin que les enfants leur portent respect, ainsi de suite, ainsi de suite, et ça c’est normal.

 

Et l’enfant, à un certain âge, selon ses contacts sociaux, selon ce qu’il apprend dans le monde autour de lui, il commence à s’apercevoir qu’il y a des “craques”, des failles, dans l’armure parentale. Et avec le temps, il commence à développer sa propre identité, et dans la mesure où il est suffisamment bien élevé, il continue à garder pour les parents un certain respect, alors que pour lui-même il commence à prendre racine.

 

 

DM :  Merci beaucoup, Bernard de Montréal (Applaudissements).

 

 

 

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